1.3 - Réalisation de travaux de gestion par des méthodes douces
Des informations complémentaires aux rubriques suivantes
Chapite 2
Fiche 2.5 : Sécurité, assurance et responsabilité
Fiche 2.7 : Les travaux
Annexe n°5 : Outils, utilisation et sécurité
Points importants en prendre en compte Témoignages : le chantier comme mode d'expérimentation de nouvelles pratiques de gestion |
Protection et préservation de milieux naturels sensibles, travaux spécifiques et difficiles à réaliser par les entreprises ou en interne par l'équipe de gestion - Travaux exigeant une forte mobilisation de main d'oeuvre - Accessibilité délicate pour des engins motorisés et fragilité du milieu - Chantiers expérimentaux sur des opérations de gestion, entretien de sites sur des petites parcelles où les travaux sont réalisables par des bénévoles - Participation du public à des actions concrètes de sauvegarde et d'entretien d'un milieu naturel.
1.3.1 Points importants en prendre en compte
Public visé
Le choix des participants est lié à la nature des travaux à réaliser (difficulté, quantité ... ) et à la perception que les bénévoles peuvent en avoir. Tous ne comprennent pas nécessairement pourquoi, sur un site et à un moment donné, le gestionnaire a décidé de favoriser tel habitat naturel au détriment d'un autre. Certains bénévoles ont parfois l'étrange impression d'avoir créé une pauvre pâture là où la végétation s'exprimait sauvagement. Ainsi, soit par une formation naturaliste, soit par un choix judicieux du public en fonction des travaux prévus, on parvient plus facilement à motiver les participants.
Encadrement
- Organiser les équipes et le déroulement des travaux.
- Etre attentif à l'attitude des bénévoles, les motiver, distribuer les tâches, expliquer le maniement des outils, les techniques utilisées, rythmer les journées de travail...
- Il faut une personne référente identifiée comme coordinateur.
Travaux
Par un aspect technique spécifique, une accessibilité difficile sur le site, la fragilité du milieu naturel .. . les travaux doivent justifier une intervention manuelle. Sinon, les participants se demandent pourquoi on fait appel à eux, et risquent d'être peu motivés par le chantier. Certains travaux répétitifs ou trop physiques peuvent devenir lassants. D'autres sont plus techniques et intéressants. Dans la mesure du possible, essayer de proposer des tâches assez variées, voire plusieurs ateliers en parallèle. Dans ce cas, il peut être nécessaire de doubler l'encadrement.
Quantité et faisabilité
La quantité de travaux réalisables varie en fonction du public et du rythme de travail. En basant ses estimations sur l'équivalent d'un mi-temps2, multiplié par le nombre de bénévoles, on doit normalement pouvoir terminer le chantier dans les délais prévus. Diviser les travaux en plusieurs tranches et finir chacune d'elles avant de passer à la suivante permet de fixer des objectifs intermédiaires plus faciles à atteindre et plus motivants pour les bénévoles sur l'avancée du chantier. On peut également prévoir des travaux complémentaires si le groupe avance trop vite.
Période d'intervention
Tout bon gestionnaire d'espace naturel sait quand il peut ou doit intervenir sur son site, pour minimiser l'impact des travaux sur les habitats. Pour ceux qui l'ignorent. il faut simplement retenir qu'on n'organise pas un chantier où on veut et quand on veut (en période de nidification et de reproduction, en pleine battue si le site est chassable, au moment où les niveaux d'eau sont trop importants...).
Outillage
- Nature : les outils doivent être adaptés aux travaux et au type de bénévoles accueillis.
- Quantité : mieux vaut trop que pas assez. C'est dommage d'avoir des bénévoles, des travaux à réaliser mais pas assez d'outils pour tout le monde. Des personnes peuvent également passer à l'improviste et donner un coup de main.
- Qualité : les outils doivent être en bon état, entretenus et de qualité professionnelle. Une faux qui couche l'herbe au lieu de la faucher ou un sécateur qui écrase la branche au lieu de la couper, ça énerve et ça fatigue vite.
Sécurité
Un point crucial et lourd de conséquence s'il est pris à la légère.
- Prévoir des gants et des vêtements adaptés.
- Souscrire une assurance adaptée à l'activité.
- Avoir une trousse de secours sur le terrain.
- Disposer d'un téléphone (mobile, cabine à proximité).
- Rappeler les consignes de sécurité en début et au cours du chantier : maniement, transport et stockage des outils.
- Ne pas mettre d'outils dangereux entre toutes les mains.
- Bien préparer et bien encadrer
Nombre de bénévoles et organisation des équipes
"Plus on est nombreux et plus on travaille vite". Ça n'est pas toujours vrai et le nombre est souvent difficile à gérer. Un groupe d'une douzaine de personnes semble être une bonne moyenne: facile à organiser, à former, à encadrer ou à motiver (surtout si le chantier dure plusieurs jours). Pour les jeunes et le public "en difficultés", il est préférable de disposer de deux personnes pour des raisons de sécurité et d'animation du groupe. Ainsi, en en cas de nécessité, l'une peut quitter le chantier tandis que l'autre reste sur le terrain avec le groupe. Pour un public adulte et responsable, une seule personne par groupe de douze bénévoles suffit pour encadrer les travaux.
Rythme de travail
Il n'y a pas de règles. C'est l'objectif global du chantier, sa durée ou encore le public qui déterminent le rythme. Il faut savoir s'adapter au public et ne pas l'épuiser, comme il ne faut pas sous-estimer sa capacité de travail au risque de l'ennuyer. Sur un chantier de jeunes (- de 15 ans). les travaux ont lieu généralement le matin, l'après-midi étant consacré à d'autres activités. Pour les autres, on peut se baser sur des moyennes de six heures de travail par jour, cinq jours par semaine, sans pour autant reproduire un modèle trop "administratif". La journée de travail n'est pas nécessairement comprise entre 9h00 et 17h00 et les jours de repos peuvent s'envisager en dehors du week-end.
Objectif, visibilité et pérennisation des travaux
Il faut toujours veiller à trois points cruciaux: - l'objectif de départ doit pouvoir être atteint, - le résultat doit être visible en fin de chantier, - le résultat doit être durable.
1.3.2 Témoignages : le chantier comme mode d'expérimentation de nouvelles pratiques de gestion
Depuis plusieurs années sur le canton de Fresnes en Woëvre, le CPIE Woëvre Côtes de Meuse organise des chantiers de jeunes bénévoles dont l'objectif est la restauration des milieux humides en liaison directe avec un cours d'eau. Le chantier réalisé en 2002 avait pour but de proposer des techniques d'entretien de cours d'eau alternatives au curage systématique, en utilisant le principe de gestion sélective de la végétation. L'opération réalisée en bordure de parcelles agricoles, a mobilisé de nombreux partenaires, faisant appel à une large concertation et une prise en compte des contraintes agricoles. Le chantier a permis de concilier les intérêts et exigences de chacun (restaurer un milieu naturel tout en permettant le maintien des activités économiques), et sert de projet vitrine transposable à d'autres zones d'exploitation. En complément de ces actions démonstratives, d'autres projets ont pu voir le jour, et notamment le CTE (Contrat Territorial d'Exploitation) collectif du canton de Fresnes qui laisse aux agriculteurs une forte place dans l'entretien des cours d'eau. En terme de référence pour les agriculteurs, élus et autres partenaires du territoire, les chantiers constituent de bons outils car ils permettent : - de travailler avec des techniques douces respectueuses de ce milieu fragile et dégradé, - la concertation et la participation de nombreux partenaires, chacun selon ses compétences, - la mobilisation de subventions, - l'expérimentation de nouvelles pratiques qui, si elles se montrent concluantes, pourront être reproduites sur l'intégralité du cours d'eau. Alexandra PINATON - CPIE Woëvre Cotes de Meuse
Les chantiers de volontaires s'inscrivent de deux façons dans la gestion écologique de nos sites : - les travaux dits "classiques" pour lesquels les techniques de gestion sont pratiquées sur le site depuis un certain temps et dont les résultats sont plus ou moins attendus et connus (il s'agit alors souvent de la mise en oeuvre des travaux inscrits au plan de gestion), - les travaux "expérimentaux" sont quant à eux souvent réalisés sur de plus petites surfaces afin d'y associer un suivi scientifique qui permettra d'estimer la pertinence du mode de gestion sur tel ou tel milieu naturel. Dans ce cas là, les techniques utilisées sont nouvelles ou restent à inventer. En évaluant l'impact des ces actions expérimentales, elles seront jugées efficaces ou non, et reconduites à plus grande échelle ou pas. Sandrine GOUGAUDCSN Nord Pas de Calais |
2 Avec comme base de calcul, la quantité de travail réalisée par un technicien qualifié à plein-temps.